La formation de 45 heures en éducation à l’enfance : une solution efficace à la pénurie de main-d’œuvre dans les services de garde du Québec

SLe Québec traverse une crise majeure dans le domaine de la petite enfance. Selon le ministère de la Famille, il manquait plus de 4 000 éducatrices qualifiées en 2023 pour répondre aux besoins croissants des services de garde. Cette pénurie a des conséquences directes sur les familles, avec des milliers d’enfants sur liste d’attente pour une place en garderie subventionnée. Pire encore, près de la moitié des éducatrices en poste envisagent de quitter la profession d’ici trois ans, aggravant une situation déjà critique.

Dans ce contexte, la formation de 45 heures en éducation à l’enfance se présente comme une solution pragmatique et immédiate. Conçue pour permettre une intégration rapide au marché du travail, cette formation offre aux apprenants les connaissances essentielles pour travailler en tant qu’éducateurs remplaçants ou assistants en milieu de garde. Contrairement au programme traditionnel collégial de trois ans, qui demande un engagement prolongé, cette option plus courte s’aligne mieux avec la réalité des travailleurs d’aujourd’hui, qui préfèrent des formations rapides leur permettant de travailler rapidement.

Une réponse adaptée à la nouvelle dynamique du marché du travail

L’époque où les étudiants passaient plusieurs années sur les bancs d’école avant d’entrer sur le marché du travail est révolue. De nos jours, avec la montée en puissance des formations accélérées et des plateformes d’apprentissage en ligne, les gens sont de moins en moins enclins à suivre un parcours universitaire ou technique de plusieurs années.

Un exemple frappant de ce phénomène est le taux de rétention dans les techniques d’éducation à l’enfance. Au Cégep de Sainte-Foy, sur 82 étudiants inscrits à l’automne 2021, seuls 13 ont obtenu leur diplôme à l’hiver 2024. Ces chiffres montrent que la formation longue ne convient pas à tous et qu’il est crucial d’offrir des alternatives plus flexibles et accessibles.

De manière similaire, au Cégep de Maisonneuve, le programme d’éducation à l’enfance a connu une diminution de plus de 30 % des inscriptions entre 2019 et 2023, mettant en lumière le besoin urgent d’une autre voie de formation pour combler les postes vacants.

Au Cégep de Sherbrooke, seulement 25 % des étudiants inscrits en Techniques d’éducation à l’enfance terminent leur programme dans les délais prévus, ce qui ralentit l’intégration de nouveaux éducateurs dans le marché du travail.

Des chiffres similaires sont observés au Cégep du Vieux Montréal, où de nombreux étudiants décident de réorienter leur carrière en cours de formation, jugeant la durée du programme trop longue par rapport à leur besoin de commencer à travailler rapidement.

La formation de 45 heures permet donc à ceux qui souhaitent travailler rapidement d’avoir une première expérience, tout en étant encadrés par des éducatrices qualifiées sur le terrain.

Un compromis entre qualité et urgence de main-d’œuvre

Certains critiques pourraient s’inquiéter de la qualité de l’encadrement offert par des personnes ayant suivi une formation courte. Toutefois, le gouvernement du Québec a déjà adapté la réglementation afin de permettre aux services de garde d’avoir un ratio d’une éducatrice qualifiée pour une non qualifiée jusqu’en 2027. Cette mesure assure un équilibre entre le besoin pressant de personnel et la qualité des soins et de l’enseignement dispensés aux enfants.De plus, cette formation est souvent complétée par des modules supplémentaires, notamment un cours de premiers soins de 8 heures, une vérification des antécédents judiciaires, et un accompagnement pour obtenir une certification en règle. Les candidats formés peuvent ensuite gagner en expérience sur le terrain, développant ainsi leurs compétences pratiques tout en soutenant un réseau en pénurie.

Une approche gagnant-gagnant

Adopter cette approche est bénéfique à plusieurs niveaux :

  • Pour les parents : elle assure une meilleure continuité des services et permet la création de nouvelles places en garderie plus rapidement.
  • Pour les CPE et garderies : elle leur permet de recruter du personnel motivé et formé en un temps record, sans dépendre uniquement des finissants des programmes collégiaux.
  • Pour les travailleurs : elle leur donne la possibilité d’entrer rapidement sur le marché du travail, tout en ayant la chance d’évoluer professionnellement en complétant une formation plus longue par la suite s’ils le souhaitent.

En somme, la formation de 45 heures en éducation à l’enfance s’impose comme une réponse efficace et adaptée aux réalités du marché du travail. Elle permet de résoudre en partie la crise actuelle, en offrant une alternative aux longues formations académiques, tout en garantissant un encadrement de qualité aux enfants. Il est temps de reconnaître son importance et de la promouvoir activement pour assurer l’avenir du réseau de la petite enfance au Québec.